Dans le contexte de crise de la COVID-19, La Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve se tient debout pour assurer sa mission de sécurité alimentaire. Cet acteur de la vie communautaire et de l’économie sociale de l’Est a su se repenser et mobiliser son réseau pour continuer à servir la communauté.
La Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve accueille habituellement 43 groupes de cuisine communautaires qui y confectionnent des repas à moindre coût, ainsi qu’une quarantaine de personnes en réinsertion professionnelle formées aux métiers de la restauration. S’appuyant sur son modèle d’économie sociale, l’OBNL finance une grande partie de sa mission communautaire grâce à des activités lucratives telles que son service de traiteur, sa résidence touristique, et sa gestion de la cafétéria du siège social CSN.
Mais du fait des mesures gouvernementales imposées par la pandémie, l’organisme a dû mettre en pause ses activités économiques depuis plus d’un mois. « Nous estimons nos pertes de revenus autogénérés à presque 500 000 dollars d’ici la fin juin », explique Benoist De Peyrelongue, son directeur général.
La résilience d’un écosystème
Malgré ce défi, l’OBNL a rapidement fédéré l’action d’un réseau de partenaires élargi pour distribuer repas et denrées, et faire face aux besoins les plus urgents de la communauté. « Dans la semaine du 20 avril, ce sont 7 000 repas et paniers de banques alimentaires qui ont été livrés à domicile de Mercier-Est à Centre-Sud et de Rosemont à la rue Notre-Dame », précise ce responsable.
Cet effort de solidarité n’est pas seulement l’œuvre de la Cuisine Collective, mais bien celle de tous les acteurs qui sont venus lui prêter main-forte, comme la Tablée des Chefs, Moisson Montréal et même des producteurs locaux. « Nous avons mobilisé un réseau de 14 organismes pour rejoindre les familles les plus fragiles, soit 9 HLM, 4 coopératives d’habitation, 15 organismes et 200 familles. Nous apportons aussi sandwichs, soupes et cafés aux personnes en itinérance dans l’aréna Francis-Bouillon », déclare M. De Peyrelongue. Pour la livraison, l’OBNL peut aussi compter sur l’implication citoyenne de 35 cyclistes bénévoles qui approvisionnent l’ensemble des points de service.
Un révélateur pour l’économie sociale
Selon ce responsable, la pandémie met en lumière l’importance d’une économie sociale tournée vers la sécurité alimentaire.
« Ça montre ce que l’entrepreneuriat collectif est capable de livrer comme services essentiels, sa plus-value pour la communauté de l’est de Montréal ». Aussi, la crise révèle la nécessité d’un financement durable pour des organismes tels que celui qu’il dirige. « Il faudra voir au-delà d’un financement par projet, et repenser au financement de base, notamment pour assurer les salaires qui sont trop bas dans nos organisations », suggère-t-il.
Sur une note positive, cette période difficile a « le mérite » de souligner l’apport de la Cuisine Collective au maillage du tissu social sur le territoire. « Ça vient rappeler que nous sommes, en temps normal, un lieu d’appartenance et de mixité où organismes, écoles, institutions, partenaires et citoyens de tous horizons cohabitent, se retrouvent et apprennent à se connaitre avec une casserole à la main ! », conclut-il.
Ça se passe dans l’Est est une initiative propulsée par la CCEM avec pour objectif de mettre de l’avant une image économique renouvelée de l’est de Montréal et de promouvoir ses atouts, en plus de contribuer à la diversification de zones commerçantes du territoire. #çasepassedanslest