La nouvelle vie de Marc Gosselin

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« Y’a jamais rien qui arrive pour rien», croit dur comme fer Marc Gosselin. Après avoir troqué son condo contre ses pinceaux au début de la décennie, le peintre a choisi de se lancer dans le vide en ouvrant son propre atelier rue Sainte-Catherine Est l’an dernier. Depuis, les projets se multiplient, et l’Hochelagais d’adoption se dit plus que jamais heureux d’avoir eu le courage de tourner la page sur son «ancienne vie ».

Un article de Olivier Boisvert-Magnen

Uniquement affichés dans son garde-robe il y a 10 ans, les tableaux de Marc Gosselin vivent maintenant sur les murs de centaines d’acheteurs. Si la méthode et le canevas ont forcément évolué avec le temps, le style, lui, a perduré pour finalement devenir une signature esthétique à part entière. Admirateur de Jean-Michel Basquiat, Gosselin colle du papier journal et du tissu sur des photos de bâtiments industriels patrimoniaux et de stations abandonnées, qu’il sublime avec son coup de pinceau.
« Je vois vraiment mes collages comme une tapisserie. J’aime le mélange peu probable », explique-t-il.

Originaire de Lachenaie, l’artiste de 36 ans est visiblement fasciné par l’architecture montréalaise. «Je sais pas pourquoi, mais ça m’attire depuis très longtemps, surtout les vieux bâtiments rough. Faut croire que tout est toujours plus beau chez le voisin…. À Lachenaie, on n’avait pas ça, nous autres.»

C’est lors de ses études au cégep en arts plastiques que Marc Gosselin a un contact plus direct avec Montréal, et tout particulièrement Hochelaga. « Tout mon réseau vivait ici, alors au lieu de retourner chez nous chaque soir, je squattais chez mes amis. »

En marge de ses études, son emploi à temps partiel à la boutique de vêtements Jacob prend de plus en plus de place, à un point où il décide d’abandonner (du moins pour l’instant) son rêve d’artiste.
« J’aimais ça l’art, mais rapidement, la réalité m’a rattrapé, et je me suis dit que je pourrai pas payer un loyer avec ça. À coté, j’avais ma job vraiment l’fun au Jacob et je montais super vite dans la compagnie. J’avais des sous, je pouvais m’acheter ce que je voulais… C’est ce que j’appelle mon ancienne vie. »

Crédit photo : Julie Mathieu

À ce moment, son rapport avec l’art est ambigu. Passionné, le Terrebonnien ne signe pas ses tableaux et ne les affiche pas ouvertement chez lui. « C’était peut-être une gêne inconsciente. Mes amis proches savaient ce  que je faisais, mais j’me posais pas plus de questions sur le reste. L’important, c’est que ça me faisait du bien. » Les années qui passent lui procurent une certaine confiance et, peu à peu, il expose  quelques-unes de ses œuvres, notamment lors d’une vente trottoir sur Mont-Royal où il connait un certain succès.

Tout changer

En 2010, le destin le rattrape.

Tout juste mis à pied par Jacob, alors en pleine restructuration, Gosselin appelle en renfort l’une de ses amies. «Je venais d’apprendre la nouvelle par ma boss. Ciao bye, net, fret, sec. Je suis dans tous mes états, j’appelle mon amie en pleurs. Ce jour-là, elle faisait le tour des commerces de la rue Sainte-Catherine Est dans le cadre de son travail pour  la Société de développement commercial. Je décide de la suivre et, par hasard, je  rencontre le propriétaire du Showroom, une boutique d’antiquités design. On jase un peu et je l’ajoute sur Facebook. Sur ma page, j’avais mis quelques photos de mes tableaux, et ça a piqué sa curiosité. Il m’a donc demandé d’amener quelques tableaux à exposer dans son commerce. C’est là que tout s’est mis à décoller.»

Crédit photo : Julie Mathieu

Sur le chômage, l’artiste en profite pour prendre un peu de recul sur ses ambitions professionnelles. Décidé à quitter le monde lucratif de la mode, il en vient à changer son rapport à l’argent. « J’avais tout ce qu’on pouvait avoir de matériel : un condo, une Mini Cooper, une garde-robe complète… J’ai réalisé que mon mode de vie marchait pus quand j’ai commencé à couper du bois à la scie sauteuse dans mon condo. (rires) J‘avais besoin de repartir à neuf. »

Après une escapade à Saint-Henri, dans un sous-sol étroit qui lui sert d’atelier, le peintre choisit de renouer avec son premier coup de cœur montréalais : Hochelaga. « Je me suis tout de suite senti chez nous ici, c’t’un drôle de sentiment. Quand je fume en avant de mon local, je jase à plein de monde. C’est vraiment comme un village en ville. »
Crédit photo : Julie Mathieu

Multipliant les rencontres et les conversations sympathiques, Marc Gosselin offre maintenant une place de choix aux artistes de son quartier d’adoption. En partie dédiée aux œuvres de ces derniers, la portion galerie de son local se développe à une vitesse fulgurante. « Je me rends compte qu’une galerie c’est vraiment un aimant à artistes (rires)! Je me considère pas comme un galeriste, mais j’aime l’idée de prêter ma galerie à des artistes d’Hochelaga qui ont une vraie démarche et qui travaillent fort. C’est spécial que j’en sois rendu là, car à la base, l’idée, c’était seulement d’avoir une vitrine pour exposer mes œuvres. »

Marc Gosselin, L’atelier / Galerie : 3880 rue Sainte-Catherine Est

Prochaines expos : Empreintes entremêlées de David Farsi (du 5 au 15 octobre) et L’Autre versant de Guillaume Cloutier (du 19 au 29 octobre)

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