Du gin au désinfectant pour les mains : la réponse de BluePearl à la COVID-19

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Certaines entreprises se révèlent particulièrement créatives pour traverser cette crise de la COVID-19. C’est le cas de la distillerie BluePearl qui produit aujourd’hui, aux côtés de son gin BleuRoyal, une solution désinfectante pour les mains.

L’entreprise d’Hochelaga-Maisonneuve a décidé d’exploiter une idée simple : transformer une perte de production en nouveau produit. « Lorsqu’on distille de l’alcool, il y a toujours un restant trop concentré qui n’est pas propre à la consommation, explique Francis Bluteau, l’un de ses cofondateurs. C’est cet alcool qu’on revalorise aujourd’hui en produisant du désinfectant pour les mains ».

Pour cet ancien représentant médical et pharmaceutique, encore très proche de ce milieu, faire sa part pour combattre le virus est une évidence. « La situation des premiers répondants m’interpelle. Celle des policiers, des travailleurs sociaux, des pompiers, qui sont souvent oubliés [dans l’approvisionnement en matériel médical]. Je pense aussi à tous les camionneurs qui ont un accès réduit à de bonnes conditions d’hygiène avec la fermeture des haltes routières ».

En quelques jours, la jeune entreprise s’est adaptée à cette double production. « Comme les SAQ sont toujours ouvertes, on produit encore du gin, précise M. Bluteau. Avec notre réalité financière, on ne peut pas se permettre d’arrêter nos activités. On sait qu’on ne va pas livrer des millions de litres de désinfectant pour les mains, mais chaque geste compte dans ce contexte ».

Une adaptation rapide et collective

Désinfectant BluePearlBien que la distillerie possède la majeure partie des matières premières nécessaires, la production du désinfectant ne s’est pas faite sans défis. « Il y a une pénurie de contenants actuellement, mais on a réussi à trouver des gallons chez la compagnie Lavo, raconte-t-il. Nos graphistes ont rapidement fait des étiquettes, et un de nos fournisseurs nous donné de la glycérine. Ce projet, même si on l’a orchestré, n’est pas seulement le nôtre : les gens se sont mobilisés pour nous aider ». D’ailleurs, pour cet entrepreneur, la crise actuelle met en lumière la grande fraternité des microdistilleries québécoises qui, comme la sienne, sont à l’initiative du mouvement. « On sait qu’on ne changera pas le monde, mais c’est quand même fou que toute l’industrie ait répondu présente en quelques jours ».

Concernant l’hygiène, l’entreprise peut compter sur des processus déjà en place. « Le monde d’une distillerie est déjà aseptisé à la base, poursuit M. Bluteau. Les 3 employés qui restent sur notre lieu de production se changent avec du linge propre nettoyé sur place et se lavent les mains avant de travailler. Ils se lavent ensuite les mains toutes les 30 minutes. Chaque équipement est désinfecté aux 4 heures et à la fin du shift. On limite les interactions entre les personnes, et nos bouteilles, elles aussi, sont nettoyées avant la mise en carton ».

La distribution du désinfectant est aussi un enjeu. « J’ai reçu énormément d’appels et de courriels ces derniers jours. C’est déchirant, car les gens ont tous peur, confie M. Bluteau. On a décidé de le vendre à la Ville de Montréal, qui a le réseau de distribution pour s’assurer qu’il se rendra aux services essentiels. Il y a aussi une petite portion qu’on va distribuer prochainement à la population via un site web, avec une entreprise déjà bien établie pour le shipping ».

Maintenir une activité dans des temps incertains

M. Bluteau précise que l’objectif n’est pas de se faire de l’argent avec cette démarche, mais bien de contribuer à l’effort collectif. « Nous ne sommes pas une grande entreprise, et notre staff, qui travaille souvent après les heures d’activités normales et qui est à risque, on se doit de le payer. Tout est fait manuellement, et les frais de livraison ont explosé », répond-il à ceux qui comparent le prix plus élevé de son désinfectant à celui de très grands détaillants.

Pour ce qui est des semaines à venir, BluePearl surveille au jour le jour l’évolution de la COVID-19 pour prendre ses décisions. « Si la situation s’aggrave et que les SAQ ferment, nous mettrons immédiatement la production de gin en suspens pour faire uniquement du désinfectant. Ça ne m’étonnerait pas que le gouvernement nous y oblige. Nous serons prêts parce que 1/ socialement, ce sera la bonne chose à faire et 2/ce sera aussi une décision financière, car on a des employés qui dépendent de nous », conclut-il.

 


Ça se passe dans l’Est est une initiative propulsée par la CCEM avec pour objectif de mettre de l’avant une image économique renouvelée de l’est de Montréal et de promouvoir ses atouts, en plus de contribuer à la diversification de zones commerçantes du territoire. #çasepassedanslest

 

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