Les temps sont durs pour l’évènementiel « en mode présentiel ». Pour Marie Grange, fondatrice d’Oztudio, il a fallu se retrousser les manches pour rester en activité lors de la dernière année. Avec Aurélia Juif-Leclerc, nouvelle directrice des contenus de l’entreprise, elle nous explique comment la pandémie s’est progressivement transformée en opportunité pour son modèle d’affaires.
Un « studio à évènements singuliers »
C’est comme ça que Marie Grange définit Oztudio, son entreprise ouverte en 2018 sur le boulevard Saint-Laurent. Cet espace disponible à la location pour des évènements corporatifs ou privés propose également sa propre programmation d’évènements grand public ou ciblés pour les entrepreneur.e.s. « Le but du jeu pour nous, c’est de créer du lien, que les gens repartent d’Oztudio en se disant : Wow j’ai vécu quelque chose de différent ici! », précise d’emblée Marie.
À l’annonce du premier confinement en mars 2020, c’est le choc. Une fermeture brutale, alors que les affaires marchent à plein régime. « Dès le début, je me suis dit que ça allait durer jusqu’en septembre » se souvient Marie, pour qui rester sans rien faire est impossible. Avec le Caribou gourmand, restaurant voisin et complice des évènements Oztudio, elle développe alors des expériences gourmandes livrées à vélo, et à domicile. « Eux.elles créaient des plats, et moi je créais des petits jeux à faire en famille ou entre ami.e.s sur Zoom », sourit-elle. Jusqu’à la fin de l’été, cette initiative de solidarité entrepreneuriale lui a permis de garder le contact avec sa communauté, et même de sentir le potentiel des évènements virtuels sur lesquels elle ne misait pas auparavant.
« On a organisé un party de crabe pour une agence numérique, raconte-t-elle. On a livré les 50 employé.e.s dans la journée, et le soir j’ai rangé mon vélo, mis ma veste pour animer un team building à distance. On s’est dit : tiens, mais ça marche! »
Miser sur le potentiel de l’audiovisuel
Malgré l’autorisation de réouverture en septembre, la demande de location, elle, ne repart pas. Marie y voit une opportunité de créer et tester une programmation d’évènements 100 % Oztudio en format virtuel. « Ça nous a permis de mieux communiquer le message qu’Oztudio ce n’est pas qu’un espace à louer, c’est aussi des évènements à nous », explique-t-elle. Une période d’expérimentation qui, en plus de la seconde fermeture en novembre, la décide à investir dans un véritable studio audiovisuel.
L’idée derrière ce pari? Se structurer à long terme en capitalisant sur du matériel professionnel et sur son récent savoir-faire en conception et animation d’évènements en ligne. Une offre qui semble répondre à un réel besoin des entreprises en quête de solutions pour leurs galas de reconnaissance, lunch & learn ou autres webinaires. « Les gens sont assez désarmé.e.s par la technique, et ils.elles ont peur du manque d’interactivité par rapport à un évènement physique. Ils.elles cherchent des expert.e.s pour prendre ça en charge », constate Aurélia Juif-Leclerc, qui a rejoint Oztudio à la mi-novembre 2020.
Cette arrivée d’une collaboratrice en pleine crise, Marie la voit aussi comme un investissement. « C’est dans les moments difficiles qu’il faut savoir s’entourer et se donner les moyens de réussir », résume-t-elle. Avec ses compétences et son réseau, Aurélia a permis d’utiliser les nouveaux outils audiovisuels pour diversifier l’offre d’Oztudio avec un service d’accompagnement à la création de contenus vidéos ou audios (formations, balados, capsules, etc.), de la recherche d’idées à la production, en passant par la scénarisation.
Se tenir prêtes pour l’évènementiel et les contenus de demain
Oztudio ressort de cette période de turbulences (qui n’est pas terminée) avec une offre de service plus flexible. Un positionnement qui répond, selon les deux femmes, aux tendances qui se dessinent dans l’industrie. D’abord, « les gens ont pris l’habitude du virtuel, et même s’ils.elles ont très hâte de retrouver l’humain.e, ils.elles choisiront davantage où et quand ils.elles se déplaceront » estime Aurélia, qui anticipe des programmations plus mixtes (en virtuel et en présentiel) avec des critères de choix de format plus poussés de la part des organisateurs.trices. Ensuite, le regain d’intérêt envers les petites salles pour les évènements en présentiel, pour des raisons sanitaires et pour répondre à un besoin de connexion humaine de qualité. « Ça aussi c’est une bonne nouvelle pour nous, car c’est notre expertise depuis le début » se réjouit Marie. Enfin, le désir de professionnalisation des contenus vidéos et audios de nombreuses entreprises, à l’image des spécialistes en formation ou coaching qui sollicitent aujourd’hui Aurélia. « En 2019, ils.elles savaient qu’ils.elles devaient faire de la vidéo, en 2020 ils.elles ont dû bricoler à la maison et ils.elles ont vu l’opportunité du format […] Aujourd’hui, ils.elles veulent passer à un niveau plus professionnel en investissant dans un tournage en studio. »
La fierté de Marie Grange dans cette histoire de résilience, c’est d’avoir su garder l’ADN de convivialité d’Oztudio intact.
« La technologie, ça reste un outil, l’important c’est comment on s’en sert », affirme celle qui n’aurait jamais pensé voir son entreprise développer un savoir-faire virtuel/audiovisuel.
Un parcours semé d’embûches, mais aussi d’apprentissages qui, selon Aurélia, « caractérise bien l’humilité et la solidarité des entreprises implantées dans l’est de Montréal. »
Ça se passe dans l’Est est une initiative propulsée par la CCEM avec pour objectif de mettre de l’avant une image économique renouvelée de l’est de Montréal et de promouvoir ses atouts, en plus de contribuer à la diversification de zones commerçantes du territoire. #çasepassedanslest