Dans Saint-Léonard, un comité de relance se réunit régulièrement pour préparer et soutenir la reprise économique des commerces du quartier. Quelle est la mission de cette initiative collective? Comment se concrétise son action sur le terrain? Rencontre avec Pierre Frisko, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) Jean-Talon, à l’origine du projet.
Dès le début de la crise liée à la COVID-19, la SDC Jean-Talon a instauré un comité de relance pour soutenir les marchands de Saint-Léonard, où se situe votre artère commerciale. Quels sont les objectifs de ce comité?
Notre objectif était d’abord de réunir des gens du quartier autour d’une table virtuelle pour réfléchir d’une manière collective aux solutions à apporter aux commerçants de Saint-Léonard. Cette pandémie, c’est du jamais vu : c’est donc complexe de mettre en place des mesures pertinentes. Évidemment, cette initiative touche les commerces de notre SDC, mais ils ne représentent qu’une petite portion des marchands de l’arrondissement : d’autres commerces ont et auront encore besoin d’aide pendant un bon bout de temps.
Le nombre et la diversité des parties prenantes semblent faire la force de cette initiative. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses participants?
C’est allé très vite alors, nous avons d’abord convié des acteurs incontournables, comme l’arrondissement et les élues provinciale et fédérale Filomena Rotiroti et Patricia Lattanzio. Se sont joints à nous PME MTL Est-de-l’Île, la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, et Horizon Carrière, un organisme d’aide à l’emploi implanté de longue date dans le quartier. Nous bénéficions aussi de l’input d’un commerçant : Paul Micheletti d’Ici Sport – La Source du sport, le président de notre SDC, qui est extrêmement présent auprès des membres et possède un regard très affiné sur la situation du commerce de détail. Le cabinet ZA communication accompagne également notre démarche. Cette diversité nous permet de voir les choses sous un angle différent de celui de la SDC, et de collecter des informations que nous n’aurions pas pu obtenir autrement.
À l’heure de la réouverture, quelles mesures ont été déployées pour faciliter la relance des commerces, tout en respectant les mesures sanitaires?
Le nœud du problème, c’est que les petits commerces indépendants sont isolés et se retrouvent à rouvrir sans vraiment savoir comment faire. Le Conseil canadien du commerce de détail a mis en ligne des résumés, la CNESST un guide pour le commerce de détail, mais l’information demeure malgré tout assez théorique. Le comité a donc élaboré et distribué une trousse pratique qui a été bien accueillie par les commerçants de Jean-Talon Est, et dont nous préparons une version pour l’ensemble des commerces de l’arrondissement. Nous y avons inséré, entre autres, un catalogue pour commander des vinyles pour la signalisation et pour les affiches indiquant les règles que le magasin décide d’imposer. Nous avons aussi équipé les commerçants d’une visière et d’un masque réutilisable. Même si ce n’est pas suffisant, c’est un premier pas pour assurer leur protection et celle de leurs clients. Nous les informons aussi qu’ils peuvent nous appeler, consulter notre site web et échanger avec des membres du comité de relance les jeudis matin lors des Cafés du commerce que nous avons mis en place. Bref, nous essayons d’être leur source d’information principale.
Quels sont les outils envisagés pour pérenniser cette reprise économique? Y a-t-il des enjeux spécifiques au quartier Saint-Léonard?
Dans les prochaines rencontres du comité de relance, nous allons réfléchir à comment sauver l’activité commerciale de l’été 2020 et rendre l’expérience d’achat plaisante malgré le contexte. Saint-Léonard s’apparente à une banlieue avec ses commerces éparpillés, alors, cela implique aussi de réfléchir à la mobilité des habitants : beaucoup dépendent des autobus, qui ne sont pas le moyen de transport le plus attrayant ces temps-ci. Comment faire pour que les gens se rendent dans les commerces à pied ou en vélo de façon sécuritaire, malgré les grands boulevards? Cela fait partie des enjeux propres à notre quartier. Nous devons également nous assurer de n’échapper aucun commerce dans nos communications. La SDC a sa propre base de données, mais ce n’est pas le cas pour l’ensemble de l’arrondissement. C’est pour ça que nous prévoyons de faire une tournée pour rencontrer chacun d’entre eux. Ça nous permettra aussi d’être à jour sur la situation sur le terrain.
Pensez-vous que ce comité est voué à perdurer?
Le comité de relance répond à un besoin, et pourra être amené à se transformer. C’est certain que c’est intéressant d’avoir tous ces acteurs autour de la table, qui travaillent sur un chantier commun et sur des solutions collectives. Quand tout le monde est d’accord, ça facilite la mise en place par la suite.
Cette initiative a-t-elle modifié la mission de la SDC Jean-Talon?
Ces deux derniers mois, on a tous vu nos responsabilités et nos activités bouleversées, et la SDC ne fait pas exception. La situation me demande une coordination plus importante, puisque nous souhaitons proposer notre expertise à tous les commerçants du quartier. Nous avons aussi procédé à l’achat en gros de désinfectant, de masques et de visières, ce qui ne faisait pas partie de mes tâches auparavant! Rien de désagréable, si ça peut aider plus de personnes.
Un bel exemple de collaboration!
Ça se passe dans l’Est est une initiative propulsée par la CCEM avec pour objectif de mettre de l’avant une image économique renouvelée de l’est de Montréal et de promouvoir ses atouts, en plus de contribuer à la diversification de zones commerçantes du territoire. #çasepassedanslest