Pénurie de main-d’œuvre : regards croisés d’organismes d’aide à l’emploi

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La pénurie de main-d’œuvre est sur toutes les lèvres, et n’épargne pas l’est de Montréal. Des organismes d’aide à la recherche d’emploi et à l’orientation professionnelle suivent de près cette réalité. Ont-ils changé leur accompagnement envers leur clientèle individuelle? Proposent-ils des solutions pour aider les entreprises à trouver (et à garder) leurs talents? Rencontre avec deux professionnelles.

Changement de paradigmes

Chez Objectif Emploi, implanté dans Montréal-Nord depuis 1993, les courriels d’employeurs en recherche de candidat.e.s se multiplient « C’est une situation qu’on ne connaissait pas auparavant, car nous ne sommes pas une agence de placement », explique d’emblée Nathalie Daffos, chargée de développement et innovation, et coach en emploi. Des demandes auxquelles elle ne peut pas répondre, les postes étant souvent sous-qualifiés pour les nouveaux immigrants accompagnés par son organisme « Nos clients en recherche d’emploi restent aujourd’hui moins de temps avec nous : à peine on finit le CV qu’ils sont déjà embauchés dans un domaine proche de leurs compétences », précise-t-elle.

Objectif Emploi (Nathalie Daffos) : crédit photo Alexanne Brisson

De son côté, CODEM (Les conseillers en développement de la main d’œuvre) — actif depuis 38 ans dans la métropole — ne constate pas de changement majeur concernant son accompagnement individuel centré sur des personnes plus éloignées du marché de l’emploi « Notre mission, c’est d’aider les gens à donner du sens à leur vie professionnelle et personnelle, et la pénurie est simplement venue accentuer ça, affirme Rachel Guidet, sa directrice générale. Nous sommes beaucoup plus au niveau du maintien en emploi. Oui, la personne va se trouver un travail rapidement, mais est-ce qu’elle va le garder? Pour nous, c’est ça l’enjeu. »

Repenser le processus d’intégration et la culture d’entreprise

Pour Mme Guidet, les employeurs ne doivent plus sous-estimer l’impact d’une bonne intégration des employés « Maintenant, il faut mettre beaucoup plus d’emphase sur l’accueil, montrer que la personne fait partie de l’équipe pour qu’elle se dise wow c’est une expérience pour moi! Et qu’elle ne regarde pas ailleurs dans les 6 mois ». Cette directrice reconnait néanmoins que le temps manque aux employeurs pour s’adapter à ce changement de culture.

CODEM : Crédit photo Benoit Desjardins

Depuis deux ans, CODEM a donc développé une offre de conseil aux petites entreprises et organismes, afin de les rendre autonomes dans des pratiques RH au goût du jour « Nous les faisons réfléchir à leur organisation — est-elle intéressante pour les employés? -, aux offres d’emploi – sont-elles attirantes? – et à leurs canaux de recrutement pour sortir des sentiers battus », déclare-t-elle. CODEM propose aussi des programmes de jumelage employeur/employé pour aider chacun à surmonter d’éventuels obstacles, de l’embauche aux premiers mois dans l’entreprise.

S’ouvrir au travailleurs et travailleuses immigré.e.s

En raison de la nature de sa clientèle, Objectif Emploi mise surtout sur le recours aux travailleurs et travailleuses immigré.e.s comme solution à la pénurie de main-d’œuvre « Dans ce sens, nous avons développé des formations destinées aux entreprises sur comment embaucher et intégrer une personne immigrante, et sur les différences culturelles au travail », souligne Mme Daffos.

Pour faciliter la tâche des recruteurs et recruteuses, l’organisme offre également aux personnes des formations pour optimiser leur profil LinkedIn, et l’enregistrement de CV sous format vidéo « Ça fait partie des démarches innovantes pour accélérer les démarches de recrutement : en voyant le candidat s’exprimer, son langage non verbal, les recruteurs savent rapidement s’ils veulent ou non embaucher la personne » soutient-elle.

S’adapter, sur la durée

Selon Mme Daffos, il est idéaliste de penser que le marché de l’emploi redeviendra comme avant, « C’est aux entreprises et aux employés de s’adapter, car on est dans une nouvelle ère de travail plus numérique, plus connectée, et les stratégies pour combattre la pénurie de main-d’œuvre doivent elles aussi trouver des solutions dans le numérique, mais également dans les conditions de travail, les salaires », insiste-t-elle.

Une nouvelle réalité qu’il faut néanmoins prendre le temps de digérer pour que les démarches des employeurs portent leurs fruits « L’objectif est qu’ils prennent conscience que ça a changé, mais pas qu’ils se perdent là-dedans et montent de grosses affaires, un guide de télétravail ou autre, si l’organisation n’est pas encore rendue là. Sinon ça va se sentir, et tomber à plat », conclut pour sa part Mme Guidet.

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